Le fascisme avance masqué, combattons le à visage découvert !

Le samedi 26 octobre, le Collectif Antifasciste du Vaucluse a appelé tous les antifascistes du Vaucluse et d’ailleurs à se rassembler, pour exprimer sa solidarité avec toutes les victimes de l’extrême droite et pour construire la Résistance. Etant moi-même visée par les menaces de l’extrême droite, ils m’ont invitée à prendre la parole. Voici la retranscription de mon discours.

Bonjour à toutes et à tous,

D’abord, je tenais à vous remercier d’être venu-e-s à ce rassemblement, et je voudrais remercier plus particulièrement mes camarades du Collectif Antifasciste du Vaucluse d’avoir eu cette initiative, et pour leur soutien. Leur aide, qu’elle soit morale ou matérielle – plusieurs de mes camarades m’ont accompagnée lors de mes déplacements, et m’ont hébergée – m’a été précieuse.

Pour en revenir rapidement aux faits, depuis la manifestation contre les universités d’été du Front National à Marseille le 14 septembre dernier, j’ai reçu des centaines de messages de menace de mort, de viol, des insultes. Des comptes usurpant mon identité ont été créés et diffusaient des photos de ma propre famille dont celle de ma petite soeur de 2 ans. Des montages photos sur fond pornographique ont été mis en ligne sur des sites internet ouverts spécialement pour cela, j’ai été victime de tentative de piratage, etc… Je vous passe les détails car c’est assez choquant et humiliant. Aujourd’hui, deux plaintes ont été déposées, mais certains individus s’acharnent et les attaques continuent, depuis un mois et demi.

Mais ces attaques, aussi violentes soient-elles, sont pourtant la preuve d’une grande lâcheté et d’une ignorance coupable. Car en m’attaquant, et en attaquant tous les camarades qui sont victimes de l’extrême droite, ils croient s’attaquer à des personnes seules, isolées, ils pensent traquer des proies faciles. D’ailleurs, il n’est pas étonnant de constater que les fascistes s’attaquent principalement à des femmes. Car l’extrême droite, en plus d’être raciste, xénophobe, homophobe, et j’en passe… et aussi sexiste. Dans leur idéologie, l’égalité n’existe pas. L’infériorité des femmes, des gens de couleurs, des homosexuel-le-s, est une donnée qui est acceptée comme étant naturelle. Alors vous comprenez, une jeune femme seule ne peut que se plier aux insultes et aux humiliations sexuelles… Et bien, non. Nous, femmes, nous ne baisserons pas la tête face aux valeurs de l’extrême droite fondées sur le patriarcat et la domination masculine ! Le combat contre l’extrême droite est aussi un combat féministe !

Il est un combat féministe, mais pas seulement. Le combat contre l’extrême droite est un combat pour la liberté d’expression. Car ce qu’il faut savoir, c’est que ces personnes qui menacent, le font sous couvert de la liberté d’expression. Or, ce n’est pas ça ! La liberté d’expression ne consiste pas à dire tout haut ce que l’ont veut, elle n’est pas la liberté de dire n’importe quoi, d’insulter, de menacer, d’appeler à la violence et au crime ! Non, la liberté d’expression c’est avant tout accepter le débat d’idées, avancer des arguments, écouter la contradiction, surtout en politique. Twitter, Facebook, et tous les réseaux sociaux ne doivent plus échapper à la loi qui régit la liberté de la presse. Car si les internautes se croient autorisés à tout, c’est d’abord parce que les grands groupes qui régissent ces réseaux les laissent agir. Il est temps que Twitter montre qu’il est prêt à respecter les lois de notre République humaniste, ou alors à être condamné pour son laxisme ! Si je me sens en danger aujourd’hui, c’est aussi parce que Twitter laisse des agresseurs et des personnes qui violent la loi agir librement.

Pour en revenir à l’extrême droite, oui bien sûr qu’il y a un lien direct entre le Front National et mes agresseurs ! D’abord, car ces attaques ont commencé depuis ma participation à une manifestation contre le Front National. Ensuite, parce que tous mes agresseurs sont des défenseurs acharnés de la dynastie Le Pen. On entend souvent Marine Le Pen dire qu’elle a fait le ménage dans ses rangs, surtout à l’approche des élections, mais c’est faux ! Et ce que les électeurs du FN doivent savoir, c’est qu’en votant pour ce parti, ils renforcent le pouvoir de ces personnes qui menacent, agressent dès qu’ils sont face à un contradicteur qui ne baisse pas la tête. Récemment, on a aussi entendu Marine Le Pen dire qu’elle avait agit rapidement concernant la photo qui compare Mme Taubira à un singe, mais là aussi, c’est faux. Il ne s’agit que d’un coup de communication. Car cela fait déjà plus de deux mois que cette photo circule sur les réseaux fachos, et sur les profils de mes agresseurs.

Christiane Taubira est donc victime des mêmes agresseurs que moi, et c’est pourquoi aujourd’hui, j’en appelle à la Ministre de la Justice pour qu’elle fasse respecter la loi et pour que Twitter cesse de protéger ces barbares.

S’ils s’en sont pris à moi, c’est parce qu’ils pensaient que je baisserai la tête et que j’étais seule. Mais aujourd’hui, nous leur montrons que ce n’est pas le cas : nous luttons à visage découvert et nous restons debout contre les agressions de l’extrême droite !

Colère et indignation

Non, je ne vais pas vous parler du Front de Gauche, des « alliances électoralistes », de la « trahison » du Parti Communiste parisien, etc. Non, je ne développerai pas mon avis sur cette question car si je dis que le Parti de Gauche a aussi une responsabilité dans ce qui arrive, cela ne plaira pas. Les communistes m’ont déçue, je ne comprends pas leur choix, mais tout n’est pas blanc ou noir d’un côté comme de l’autre. Mais de toutes façons, excusez-moi cher-e-s camarades, mais on s’en fout ! Il y a des problèmes bien plus grave que celui de savoir à qui appartient le Front de Gauche… et le logo ?! Ah le logo !

Bref. Aujourd’hui j’écris car je suis indignée, révoltée par ce que j’ai vu hier après-midi, alors que je passais rue de la République, à Avignon. Écouteurs dans les oreilles, je presse le pas car je n’ai pas beaucoup de temps avant de retourner travailler. Mais en passant au niveau du McDonald’s, de l’autre côté de la rue, stationnent deux voitures de la police municipale, et les agents encerclent une personne apparemment sans domicile fixe et lui demandent « gentiment » de bien vouloir dégager car il gêne. Et les gens passent, dans la plus grande ignorance. Je demande à une personne à côté de moi, lui aussi SDF, ce qu’il se passe, et il me dit que ce sont les commerçants qui se sont sûrement plaints. Et il part avec ses chiens. Une fois les flics partis, je continue ma route, la boule au ventre et la gorge nouée, jusqu’à la Poste, et je reviens, rue de la République toujours. Au loin, je vois encore une voiture de police arrêtée. Je me dépêche pour voir ce qu’il se passe, et le même scénario se reproduit… avec le jeune avec qui j’avais parlé quelques minutes auparavant. J’arrive trop tard et la voiture de police part. Envie d’exploser. Comment peut-on laisser faire ça ? Comment peut-on faire ça ? Et ces personnes, si misérables qu’on ne veut pas les voir, vous voulez qu’elles aillent où ? Et pourquoi ne les laisse-t-on pas tranquille à défaut de vouloir les aider ?

Ah mais vous comprenez, ça gâche la beauté des rues d’Avignon de voir autant de gens dans la misère ! Pauvres touristes, qui pensaient venir dans une ville ensoleillée où il fait bon vivre. Pauvres gens qui ne peuvent pas faire dix mètres sans « enjamber » une personne assise par terre, faisant la manche. Pauvres commerçants qui n’ont pas de clients à cause du SDF assis devant la vitrine et qui fait peur aux gens. Pauvres consommateurs qui ne peuvent pas aller faire du shopping sans qu’une personne affamée vienne leur demander vingt centimes pour pouvoir manger, et picoler un peu aussi. Et donner à manger à leur chien, leur ami fidèle. Ah les chiens, ça pue, ça fait ses besoins n’importe où, ça aboie. « Le bruit et l’odeur… »

Mais au lieu de les chasser comme des bêtes, on pourrait peut-être les aider, non ? Non… Tout le monde s’en fout en fait.
« Hé ho, réveille toi gamine, ça fait des années que c’est comme ça ! Qu’est-ce que tu veux y faire, c’est pas nouveau et c’est partout pareil. » Oui, oui je sais. Je sais que c’est partout pareil. Nice, Cannes, Strasbourg,… On expulse les sans-abri à l’extérieur de la ville et on les largue. Je sais que ça existe tout ça, mais même quand on le sait, une fois qu’on y est confronté, quand on est témoin d’un tel spectacle, ça change tout. Car ce qui est horrible à supporter en fait, plus que la misère, c’est de prendre quelqu’un contre son gré et l’emmener de force. SDF, sans-papiers, familles mises à la rue, etc. Mais après, où vont-ils tous ces gens-là ? Ils gênent là où ils sont, mais ils n’ont nulle part où aller et on ne leur propose rien si ce n’est de dégager.
« T’as qu’à les prendre chez toi ! » Mais oui, bien sûr ! Parce que c’est en hébergeant un SDF chez moi que va changer quelque chose ?! Comme si c’était un problème individuel et non pas social. Mais si en fait, c’est nous qui produisons les SDF, c’est notre société individualiste qui justement les produit !

Mais bon, on n’y peut rien vous dites… Mais bien sûr que si, et nous en sommes tou-te-s responsables ! Nous sommes responsables de notre lâcheté. Mais là aussi c’est le système qui nous rend lâche…

Les lâches et les salauds… Les salauds me dégoûtent. Les lâches me révoltent.

Je me révolte.

Bref.

Bon, et sinon, qui prend le logo Front de Gauche à Paris ? Pfff…

« Puisque des hommes crèvent sous les ponts, et ce monde s’en fout… » (Saez)

Communiqué : le choix suicidaire du gouvernement

Par Arthur Morenas, Didier Thévenieau, Mathieu Agostini, Corinne Morel Darleux, et Julie Del Papa.

Le Journal du Dimanche a annoncé que l’État avait pris la décision de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires. Pour l’instant, le Ministre de l’Économie dément que la décision ait été prise mais confirme que ce choix est discuté à la demande d’EDF. Si ce choix de prolonger de 10 ans l’amortissement des centrales nucléaires était officialisé, le gouvernement prendrait une décision de politique énergétique lourde de conséquences. Tant au niveau de la sécurité du parc que du coût social et économique pour la société, ce nouvel épisode en dit long sur sa fourberie et son manque de vision de la transition écologique pourtant urgente à mettre en place.

De l’enfumage économico-libéral auquel il nous avait habitués, le gouvernement est désormais passé maître dans l’enfumage écologique.

Déjà le faux choix du gouvernement de faire passer la part du nucléaire à 50% du mix électrique en 2050, ce qui n’implique strictement rien en termes de fermetures de centrales, était une proposition fumeuse qui émanait d’un accord électoraliste avec EELV et non d’une politique énergétique digne de ce nom pour notre pays. Avec cette décision, le gouvernement solférinien tromperait une fois de plus ses propres alliés électoraux ! Une chose est certaine : nous avions raison d’affirmer que cet accord aboutirait à la prolongation de la durée de vie des centrales françaises et à la construction de nouveaux réacteurs EPR.

Encore plus grave : cette décision interviendrait quelques mois seulement après le Débat National sur la Transition Énergétique (DNTE), qui avait exclu du débat la question du nucléaire. Aujourd’hui, et sans que le peuple n’ait été une seule fois concerté, le gouvernement déciderait donc unilatéralement de prolonger la durée de vie du parc français. En comparaison de cette décision, la commission d’enquête parlementaire proposée par EELV, qui pourtant participe à ce gouvernement, semble hypocrite et bien dérisoire.

Il le ferait au détriment de toutes considérations de sécurité. En effet, des pièces aussi centrales qu’inamovibles comme le cœur du réacteur ont été conçues pour 40 ans, ce qui limite la durée de vie d’une centrale nucléaire. En prolongeant la durée de vie des centrales, le Ministre de l’Écologie ferait un choix suicidaire et inconscient. L’ASN a plusieurs fois rappelé que EDF ne devait pas compter sur une telle prolongation. Or seule l’ASN est habilitée à prolonger la durée de vie des centrales françaises. Cela en dirait long sur la préoccupation de ce gouvernement pour l’intérêt général.

Le Parti de Gauche, dans sa contribution au DNTE, avait tiré la sonnette d’alarme sur la situation de ces travailleur-se-s salariés et sous-traitants touchés par le « grand carnage social ». Cette situation est amenée à empirer avec la « cure de jouvence » que nécessiterait la prolongation des centrales françaises. D’ores et déjà EDF, en Conseil Central d’Entreprise, a rappelé son intention de flexibiliser un peu plus le travail au sein des centrales nucléaires, en amplifiant la plage journalière d’intervention. EDF a aussi annoncé son ambition de relever le taux moyen de disponibilité du parc nucléaire : une décision qui va accroitre encore plus la pression exercée sur les salarié-e-s et sous-traitants du nucléaire, et fragiliser en cela la sécurité des centrales.

Il le ferait enfin au détriment de toute considération économique, l’énergie nucléaire étant une énergie coûteuse et depuis longtemps sous évaluée dans la facture énergétique des Français. Le grand carénage devrait coûter à EDF près de 100 milliards d’euros, qui viennent s’ajouter aux multiples coûts attachés à l’énergie nucléaire. Bien loin d’être une énergie abondante et peu chère, l’électricité nucléaire est couteuse et à l’origine d’un immense gaspillage énergétique.

C’est une décision à des années-lumières de la transition écologique que nous appelons de nos vœux et que nous proposons avec l’écosocialisme. Bien loin des petites combines et de l’enfumage total de l’actuel gouvernement, la politique énergétique doit être replacée au cœur du débat public.

Le Parti de Gauche rappelle son intention de mettre en place la planification écologique. Cette planification permettra de planifier démocratiquement et sur le long terme la bifurcation en profondeur vers l’arrêt du nucléaire par l’engagement d’un véritable plan d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables.

Le temps d’agir !

Cela va faire bientôt un mois que je suis victime d’attaques sur internet. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler ici ou . Ces attaques n’ont pas cessé mais elles viennent de changer de forme.

Après deux semaines de recul sur les réseaux sociaux, je reprenais le contrôle de mon compte Twitter. Et dans le quart d’heure, mon retour était signalé sur les réseaux fascistes, preuve que je suis traquée, surveillée. Le lendemain, un faux compte Twitter usurpait mon identité et tweetait en mon nom. Ce compte était identique au mien, à un détail près : en fond d’écran, le sexe d’un homme noir en érection. Dans la foulée un blog hébergé par WordPress avait été créé, où nous pouvions trouver un montage photo d’une scène pornographique avec ma photo. Le visage de la femme était remplacé par le mien et le sous-titre précisait que c’était une photo exclusive «  du viol de Julie Del Papa ! ». Soudaine envie de vomir…

Après avoir alerté mes ami-e-s et camarades, et interpellé Twitter France publiquement, nous avons signalé le compte usurpant mon identité et le blog, et ils ont rapidement été suspendus. C’est alors qu’un deuxième compte Twitter, ressemblant fortement au premier, a été mis en ligne, mais avec des éléments nouveaux : des photos de ma propre famille, dont ma petite sœur de deux ans, toujours sur fond pornographique. Le compte a été suspendu dans les 24 heures grâce à vos nombreux signalements. Un grand merci encore à vous tou-te-s.

Je suis allée déposée une nouvelle plainte contre X au commissariat d’Avignon, pour usurpation d’identité.

Ces méthodes sont inqualifiables et cette attitude est révélatrice de ce qu’est l’extrême droite et le Front National. Insultes, intimidations, appel à la haine, sexisme, racisme, humiliation, machisme, soumission, référence au nazisme… Celles et ceux qui utilisent ces méthodes et qui revendiquent publiquement leur soutien au Front National ne sont pas républicain-e-s. Et ce parti d’extrême droite n’est pas républicain.

Il est temps d’agir. Le Parti de Gauche, par la voix de Martine Billard, sa co-présidente, m’a réaffirmé son soutien et m’accompagnera dans toutes mes démarches pour que cette affaire soit traitée au plus vite. Elle a alerté le cabinet de Christiane Taubira et a évoqué ce que je subissais lundi soir dans l’émission Mots Croisés en s’adressant au vice-président du Front National, Florian Philippot. De plus, le Gouvernement, notamment les ministres Christiane Taubira et Manuel Valls, a été interpellé de différentes façons par notre députée du PCF/Front de Gauche, Marie-George Buffet, et par Sergio Coronado (EELV), Sandrine Mazetier (PS) et Jérôme Guedj (PS). Ces soutiens sont un premier pas essentiel, mais les réponses fournies par les pouvoirs publics ne suffisent pas. La Justice fait traîner l’affaire, il est temps de lui demander d’agir et de mettre la pression sur Twitter et WordPress pour qu’ils arrêtent de protéger des criminels.

La pétition lancée il y a environ trois semaines a déjà récolté plus de 9000 soutiens. Il nous faut tous et toutes la relancer pour que je puisse remettre un maximum de signatures à la Ministre de la Justice : http://nopasaran.wesign.it/fr . Elle est un point d’appui nécessaire à notre démarche. Nous tiendrons alors une conférence de presse pour rendre compte des différentes démarches mises en œuvre.

A l’heure où le Front National profite des bassesses du système médiatique et de l’agonie de la Vème République, nous nous devons, ami-e-s, camarades, républicain-e-s de tous bords, de faire apparaître au grand jour les visages des soutiens les plus fervents du Front National et de l’extrême-droite française.